Dans la catégorie auto-arnaque du siècle, je citerai la résolution « juste un verre et je rentre ». C’est vrai quoi, on est en semaine, on sait que demain, il va falloir assurer quelques rendez-vous, rendre ce putain de dossier et en premier lieu SE LEVER tôt. Donc, c’est clair, on a bien retenu la leçon d’il y a quelques semaines. On va juste boire un verre et on rentre. Seulement, il suffit de se dire ça pour rentrer à 3h du mat en triste état…
Tentative d’explication. L’âge faisant, on essaie de se régler, de se faire du bien avec une ou deux séances de sport par semaine (bon une seule d’accord), d’éviter les sorties en semaine, d’appeler ses parents une fois par semaine… Bref, on essaie de grandir, de devenir adulte ! Seulement parfois, ça démange quand même. Une bonne journée merdique en pleine semaine, un collègue particulièrement chiant, une mauvaise nouvelle, une amende à payer… Toutes les raisons du monde pour que ce soir, on prenne un peu le temps de prendre son temps.
Dans ces cas-là, on trouve rapidement des personnes dans le même état d’esprit. Mais attention, on est d’accord, « on boit juste un verre et on rentre ». Une bière ou deux plus tard, la bonne idée s’éloigne. L’heure défile à grand pas. Merde. Des effluves d’étudiants d’une époque pas si lointaine nous montent au nez. « Un dernier et j’y vais ». Ce moment récréatif est délicieux, le sentiment d’ivresse s’installe progressivement, la décompression attendue est au rendez-vous. C’est là où la gourmandise s’installe…
Tout va très vite. Soit tu rentres maintenant, limite par la sortie de secours, sans dire au revoir, sans te retourner, laissant tes amis finir sans toi ce que vous avez si bien commencé ensemble. Deuxième option, tu tentes de les convaincre que c’est une bonne idée. Soit ils sont d’accord et vous partez tous en cœur. Soit t’es foutu. Là, ils vont tout faire pour que tu restes (genre te payer un verre comme par hasard). Dernière option, tu restes. Et là, c’est toi qui dissuades tes potes de partir. Et c’est là que la glissade peut prendre une tournure extravagante. L’heure passe soudainement de 20h à minuit en seulement 1/4 d’heure !
Perdu pour perdu et trop loin pour faire machine arrière, tu pousses la chansonnette jusqu’où précisément tu ne voulais pas arriver, c’est-à-dire 3h du mat’. L’envie de célébrer la vie a encore gagné. Seulement tu as prostitué ta parole et le lendemain sera difficile. Une chose est sure, en te disant “juste une bière”, tu t’es encore auto-arnaqué.