C’était vraiment bien mais aujourd’hui ça fait vraiment mal ! Comme toujours, le carnaval est l’institution festive régionale de ce début d’année, proposant chaque weekend une bande, un bal et une beuverie populaire composés de plusieurs milliers de personnes travestis pour l’occasion. Formidable exutoire traditionnel et hymne à la joie éthylique, le carnaval emporte avec lui des lundis très difficiles…
Fanfare, chansons, déguisements… On ne prépare pas un Carnaval comme n’importe quelle fête ! C’est le genre d’événement qui nous met l’eau à la bouche des semaines à l’avance. Alors on coche son weekend et on s’organise avec les copains. Malo ? Dunkerque ? Bergues ? La semaine qui précède le carnaval, on porte un sourire niais sur son visage même quand il pleut, même quand tout va mal. Le jour J, on se rejoint entre amis pour une première chapelle (dans un appartement), l’histoire de se déguiser et de se maquiller comme il se doit avant le grand saut. Là, on engage un premier apéro vers 9h du matin. On répète entre potes les célèbres refrains délaissés l’an dernier dans une pompe à bière. Deux trois godets plus tard et apprêtés comme des prostitués, on décolle pour Dunkerque, les sacs remplis de munitions.
En arrivant, quelques photos de groupes pour immortaliser un dernier instant de (presque) sobriété et on déambule la bière au fusil pour une grande journée d’ivresse joyeuse. Bande, fanfare, rigodon, chapelles, tout y passe. On perd la moitié de ses potes (minimum) rapidement, la plupart de ses objets (téléphone, clés, porte-feuille) et on termine la soirée dans un immense chaos d’euphorie, au bras de son nouveau meilleur ami qui s’avère être un illustre inconnu. A bout de force, on rampe jusqu’à chez soi avant un coma bien mérité, les oreilles sifflantes et des lumières plein la tête.
Seulement, il y a un lendemain. Et là, ça pique ! Les connaisseurs auront anticipé et poser leur lundi pour cuver tranquillement au chaud. Les néophytes, eux, vont souffrir. Car une gueule de bois de carnaval n’est pas une simple gueule de bois. Les mélanges bus dans toutes les mains de carnavaleux la veille sont remontés au niveau des tempes et du front. Tu essaies de te remémorer la journée passée mais peu de souvenirs reviennent. Tu sollicites un ami ou deux par SMS mais rien ni personne ne peut t’aider. Au fil de la journée, quelques flashs remontent et tu finis par comprendre ton mal-être du jour quand LE seul pote raisonnable te raconte ce qui s’est réellement passé… Tu t’estimes alors être le miraculé d’une tornade qui a tout emmené sur son passage.
Tu as souffert tout le lundi, a promis 12 fois de ne plus jamais boire d’alcool, que tu es trop vieux pour ces conneries, que tu ne peux plus te permettre d’avoir mal pendant 4 jours pour une fête mais au fond de toi, tu sais que l’année prochaine tu sortiras ta plus belle fourrure et tes bas-résille pour rendre gloire à Jean Bart.
L.T